Fonction publique et liberté d'expression.

Publié le par Frédo45

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M. Guigue dit écrire ses analyses géopolitiques "en dehors" de ses fonctions
24/03/2008-[08:22] - AFP
PARIS, 24 mars 2008 (AFP) - Bruno Guigue, le sous-préfet de Saintes (Charente-Maritime) limogé pour avoir enfreint son devoir de réserve en publiant une tribune anti-israélienne sur un site internet, fait valoir lundi qu’il fait "des analyses géopolitiques depuis dix ans", "en dehors de ses fonctions".

Dans des propos rapportés par Le Parisien et Aujourd’hui en France, Bruno Guigue refuse de commenter son limogeage, "une décision discrétionnaire du gouvernement", dit-il. Il se défend aussi d’être "violemment anti-israélien". "Je pense seulement que la paix au Proche-Orient passe par l’application du droit international. Est-ce un délit’", se demande-t-il. Bruno Guigue souligne qu’il fait "des analyses géopolitiques depuis dix ans". "Je le fais en dehors de mes fonctions. Je le fais sans les mentionner et en dehors du département où sont mes fonctions. Il s’agit d’une matière qui n’a rien à voir avec l’activité professionnelle qui est la mienne et les responsabilités que j’exerce localement", plaide-t-il. Il affirme être "le premier surpris par la médiatisation excessive de cette affaire". Dimanche, le préfet de Charente-Maritime Jacques Reiller a justifié le limogeage de Bruno Guigue en expliquant que "toute la fonction publique repose sur un devoir de réserve, une obligation de neutralité".


Le sous-préfet de Charente-Maritime, Bruno Guigue, vient d'être limogé suite à une tribune paru sur un site internet et qui s'attaque assez violemment à l'état israélien, notamment dans ces termes : "Sans parler d'Israël, seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles" ou encore " ou encore « Ses admirateurs ( de l'Etat d'Israël, ndlr) occidentaux doivent certainement s'extasier sur les prouesses d'une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d'admiration devant les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s'interrompt de torturer durant le shabbat. ».
Le sous-préfet vient de réagir à son limogeage en expliquant qu'il rédigeait déjà des tribunes de ce genre avant sa nomination et qu'il ne le faisiat jamais durant ses heures de fonction.

Au-delà du message, critiquable de sa tribune et contre lequel on peut aisément s'insurger et surtout face à une surenchère verbale systématique qui nous oblige à débattre des limites de la liberté d'expression, débat il y a peu rallumé par l'extrêmisme religieux, on peut tout de même s'interroger sur ce fameux droit de réserve. En effet, quels sont les limites de ce droit de réserve ? Il me semble que cette frontière entre ce que le fonctionnaire a le droit d'exprimer et ce qu'il doit garder pour lui est si floue que même le conseil constitutionnel ne pourrait la définir.

En premier lieu, ce droit de réserve est-il restreint à l'activité professionnel du fonctionnaire ? En effet, peut-on admettre qu'un homme ou une femme rémunéré par l'Etat puisse émettre un avis dès lors qu'il n'ets plus dans ses fonctions ? Je pense qu'il y a suffisamment de contre-exemples sur la web pour pouvoir affirmer que c'est possible. Agoravox publie ça et là, bon nombres d'articles rédigés par des fonctionnaires. Va-t-on pour autant les limoger comme on l'a fait avec Bruno Guigue.

Par ailleurs, si c'était le cas, on devrait dès lors interdire à tout fonctionnaire de se présenter à une quelconque élection, locale ou nationales. Or, il me semble qu'une bonne majorité de députés et de sénateurs sont fonctionnaires. Il y a donc là une certaine hypocrisie. Combien de politiciens battus se permettent malgré leur retour dans la fonction publique de continuer à donner leur avis sur divers points de l'actualité, nationale ou internationale, comme l'a fait ce sous-préfet ?

J'ajoute que je ne soutiens pas les propos de Bruno Guigue mais il est inadmissible qu'un homme voit sa liberté d'expression diminuée de la sorte uniquement parce qu'il est fonctionnaire. La liberté d'expression elle doit être limitée, c'est mon avis. Il est en effet impensable que des idées nauséabondes comme le fascisme ou la fanatisme religieux puissent être dispersées aussi aisément, surtout depuis l'avénement du net. Mais si elle doit être limitée, elle doit l'être de manière égale entre tous les citoyens.

Publié dans Divers

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