Ce que la popularité de Sarkozy dit de nous

Publié le par Frédo45

Nicolas Sarkozy sort un livre et, à la Baule comme à Port-Leucate, des français font la queue pour voir l'ancien président signer des autographes, faisant fi de ses déclarations pro-Poutine et des affaires qu'ils trainent derrière lui. Cela en dit long sur les dérives de la politique-spectacle et de la personnification de la pensée politique. 

Ce que la popularité de Sarkozy dit de nous

La France est un pays de paradoxes, capable de réclamer des sanctions toujours plus lourdes pour les petits délinquants, y compris le retour de la peine de mort pour certains crimes, mais qui fait preuve d'une complaisance incroyable envers les délits et crimes de ses élites. Ainsi, Polanski n'est inquiété nulle part en nos frontières. Matzneff coule une retraite paisible. Patrick Balkany est sorti de prison avec le soutien d'un bon nombre de sympathisants de droite. Zemmour peut se présenter à l'élection présidentielle malgré 3 condamnations pour incitation à la haine. Et notre ancien président, Nicolas Sarkozy, publie un livre et fait la une des journaux, donnant des leçons sur la politique à mener (comme si 5 ans de sarkozysme n'avait pas suffisamment fait de mal) et soutenant au passage à demi-mots Vladimir Poutine. 

Apparemment, certains ne lui en tiennent pas rigueur puisqu'ils accourent à la Baule ou à Port-Leucate pour acheter et se faire dédicacer son torchon. Pour des républicains défenseurs de l'états de droit, considérant que Nicolas Sarkozy, premier président condamné à de la prison ferme, a sali la République, ça fait mal. Mais ça n'étonne pas non plus.

En effet, la politique, devenue spectacle, s'enfonce dans la médiocrité. L'élection du président au suffrage universel direct a accentué la personnification de la politique et les politiciens, galvanisés par les sondages de popularité et la célébrité, ont renforcé cette "rock-starisation". En allant présenter leur famille dans Paris-Match, en étalant leur vie privée pour apparaître plus sympathiques, ils se sont positionnés en tant que vedette du petit écran d'abord, des réseaux sociaux ensuite. Ils traînent leurs hordes de groupies, incapables de discernement. Il suffit de regarder les supporters de Sarkozy, Macron, Mélenchon ou le Pen et désormais Roussel, pour comprendre que la politique ne se résume aujourd'hui qu'à des combats de coqs. 

De fait, le débat n'a jamais été aussi pauvre dans l'histoire de la république et pleuvent anathèmes, épouvantails et sophismes, principalement à droite et à l'extrême-droite. Puisqu'elles n'arrivent plus à convaincre et que personne ne les écoutent, il faut : resserrer les rangs des militants les plus durs, jeter l'opprobre sur l'adversaire par tous les moyens, faire le buzz en caressant les instincts les plus abjects du peuple pour faire accepter la destruction des acquis sociaux. L'humanisme, la démocratie, l'universalisme dans tout cela ? Qu'importe ! Car ça fonctionne. Jamais les idées rances et racistes n'ont eu autant le vent en poupe depuis 50 ans. Jamais la protection sociale, la Sécu, l'assurance-chômage, le système de retraites, les services publics n'ont été ainsi attaqués. La gauche est aux abois. Son électorat la boude, lassé des trahisons. Le reste des classes populaires et modestes est convaincu par ce nouvel ordre people et préfèrent s'en prendre aux étrangers qu'au CAC40. 

Pessimiste vous dites ? Plus que jamais. 

Publié dans Politique, République

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