Fusion GDF-Suez

Publié le par Frédo45

GDF et Suez fusionnent et créent un géant mondial de l'énergie

Les groupes énergétiques privé Suez et public Gaz de France vont finalement se marier pour constituer un nouveau poids lourd mondial de l'énergie, après un an et demi de rebondissements, au terme d'âpres négociations sous la pression du président français Nicolas Sarkozy .

Les deux groupes ont officialisé lundi dans un communiqué commun un nouvel accord, approuvé dimanche soir par leurs conseils d'administration.

La fusion, qui débouchera sur la création "dans les meilleurs délais" en 2008 d'un groupe baptisé "GDF Suez" , entraîne de facto la privatisation du gazier mais l'Etat disposera d'une minorité de blocage en détenant "directement plus de 35% du capital" du nouvel ensemble.

Le nouvel accord modifie la parité de fusion, sur laquelle avait buté le projet initial, et prévoit que Suez se sépare en partie de son pôle environnement, qui regroupe ses activités dans l'eau et les déchets.

"Nous avons le contrôle, nous gardons la stratégie", a assuré lundi le Premier ministre François Fillon, ajoutant avoir "veillé à ce que le contrat de service public qui lie GDF à l'Etat soit maintenu", pour désamorcer des inquiétudes sur une éventuelle hausse des prix du gaz.

Le projet doit encore être approuvé par les actionnaires qui devraient voter oui. Les représentants des salariés seront également consultés et la Commission européenne devra confirmer son accord.

Gérard Mestrallet sera le PDG du nouvel ensemble, poste qu'il occupe actuellement chez Suez et il le "dirigera en tandem" avec Jean-François Cirelli, actuel PDG de GDF, qui deviendra vice-président et directeur général délégué.

GDF Suez devient ainsi le deuxième producteur français d'électricité derrière EDF, le premier groupe gazier en Europe et parmi les trois premières "utilities" (groupes d'énergie ou d'eau) "mondiales cotées", avec un chiffre d'affaires combiné de 72 milliards d'euros, selon le communiqué.

Les groupes ont confirmé attendre des "synergies" annuelles "de l'ordre d'un milliard d'euros à l'horizon 2013".

Pour l'Etat, ce rapprochement permettra de renforcer la sécurité d'approvisionnement en énergie de la France.

Cette nouvelle mouture de la fusion est le fruit d'intenses négociations menées sous la pression de M. Sarkozy, pour résoudre la différence de valorisation entre les deux groupes (Suez valait lundi matin plus de 51 milliards d'euros, contre 35 milliards pour GDF).

Selon le nouveau schéma, la parité de fusion est désormais fixée à une action Suez pour 0,9545 action GDF, contre une action Suez pour une action GDF auparavant.

La présidence de la République a obtenu que les actionnaires de Suez ne reçoivent pas de dividende exceptionnel, comme prévu initialement, car le versement d'un milliard d'euros aurait été dur à assumer politiquement.

En revanche, les actionnaires de Suez recevront 65% des titres du pôle Environnement lors de sa mise en Bourse.

Avec 35%, M. Mestrallet a obtenu que le nouveau groupe dispose d'une minorité de blocage dans ce pôle. Il doit désormais négocier un pacte avec les principaux actionnaires de Suez, qui en détiendront 12%, pour éviter à des prédateurs comme Veolia de mettre la main dessus.

La fusion GDF-Suez a nécessité le vote d'une loi en novembre pour autoriser la privatisation de GDF, alors que Nicolas Sarkozy s'était engagé en 2004, lorsqu'il était à Bercy, à ce que l'Etat ne passe pas sous les 70%.

Annoncée en février 2006 par Dominique de Villepin, alors Premier ministre, la fusion visait à empêcher un rachat de Suez par l'italien Enel, mais avait été retardée après un recours en justice des syndicats et une décision du Conseil constitutionnel.

Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, a vu lundi un accord "perdant-perdant" et estimé que M. Sarkozy avait "renié sa parole".

François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, un des seuls syndicats favorable à un rapprochement entre les deux groupes, a qualifié le démantèlement de Suez de "grosse erreur".

En Bourse, l'accord était sanctionné, des analystes dénonçant "un manque de clarté" sur les conditions de la scission de Suez Environnement. Vers 09H20 GMT, le titre Suez perdait 3,21% à 40,40 euros et l'action GDF cédait 2,72% à 35,80 euros dans un marché stable.


Sources : AFP


D'un côté, GDF-Suez pourra négocier avec plus d'impact les prix des matières premières aux états producteurs mais comme l'explique l'association UFC - que choisir, rien n'oblige le groupe à répercuter ces baisses de coût dans les tarifs à la consommation. De même, l'Etat ne souhaitant pas associer la filiale environnement du groupe Suez, elle devrait être vendu à un fond de pension qui pourrait décider d'une hausse des tarifs et d'une baisse des effectifs.
Par ailleurs, cette fusion permet de préserver le groupe Suez sous contrôle français et le amintien de 36 % du capital du groupe donne un droit de véto à l'Etat actionnaire.
Du côté de GDF, les syndicats s'inquiètent de cette privatisation et craignent pour leurs conditiosn de travail. Mais leur marge de manoeuvre est assez réduite, étant donné la popularité actuelle du Chef de l'Etat.
Enfin, on peut être étonné de cette décision quand on se souvient des doutes émis par N. Sarkozy, alors ministre des finances, sur cette fusion. En tout cas, c'est une nouvelle fois un coup porté au service public et à ses salariés. Et l'on parle de rigueur... A suivre !

Publié dans Economie

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