Futurs ESPE : un réel progrès ???

Publié le par Frédo45

Dans le cadre de la refondation de l’école, après une période difficile où la formation initiale fut malmenée par l’ancien gouvernement  il était normal d’envisager de lui redonner naissance et de la rendre  plus performante. Les professeurs des écoles stagiaires et les équipes dans les établissements ont suffisamment souffert du manque de formation.

 

Ainsi, le modèle retenu est celui d’une formation intégrée dans des « Écoles supérieures du professorat et de l’éducation » (ESPE). Ces établissements ne seront ni des UFR, ni des IUT et auront pour mission de coordonner formation initiale et formation continue ainsi que de perpétuer les recherches pédagogiques. Ils auront la capacité de délivrance des masters 1 et 2 et bénéficieront d’un budget autonome.

 

Le concours, placé à la fin du Master 2 actuellement, interviendra désormais à la fin du Master 1 et les étudiants en master 2, renommés élèves-professeurs, seront rémunérés et auront droit à des stages sur le terrain (mi-temps sur l’année).

 

Voilà pour le cadre ! Traitons désormais du fond…

 

Un simple retour en arrière.

 

Si on peut se féliciter que les élèves-professeurs puissent être rémunérés car le coût des études ajouté à une faible rémunération des enseignants avait rendu la profession peu attractive,  on peut s’étonner d’un simple retour à l’ancienne formule pourtant si souvent décriée. L’idéal serait que le concours soit placé en fin de Licence 3 afin que les deux années de Master soient une réelle période de formation, permettant une alternance « cours théoriques – pratique accompagnée » plus étalée. C’est aussi le seul moyen pour que le Master 1 ne soit pas une année de préparation au concours souvent en déconnection avec le métier mais une véritable préparation au travail qui est le nôtre. Nous revenons avec les ESPE à un modèle de formation consécutive (disciplinaire puis professionnelle) alors qu’il faudrait ne jamais dissocier ces deux particularités du métier d’enseignant.

 

Une logique de rigueur

 

Le placement du concours en fin de M1 est, pour le gouvernement, un impératif budgétaire. On l’aura compris et il est le symbole de la rigueur imposée par l’Etat à ses personnels et plus généralement, à la population. Il est temps de réclamer l’abandon des politiques de rigueur qui sont incompatibles avec le projet initialement ambitieux de refondation de l’Ecole auquel les enseignants, dans leur ensemble, sont attachés.

 

Réforme impossible sans l’abandon de la loi LRU.

 

La rigueur touchera aussi les universités. Les ESPE seront des établissements universitaires soumis aux choix budgétaires de celles-ci. Leur budget variera donc selon les académies, dans la mesure où, d’une part, les universités ne bénéficient pas des mêmes moyens et d’autre part, elles fixent elles-mêmes les dotations aux composantes (UFR, IUT et maintenant ESPE).

Ainsi, d’une académie à une autre, on pourrait assister à de grandes différences dans la qualité de la formation accordée à nos futurs collègues.

L’abandon de la loi LRU est par conséquent indispensable afin de préserver une formation homogène sur le territoire, d’assurer l’égalité des enseignants et de défendre le caractère national de l’éducation.

 

 Qu’en sera-t-il des nouveaux titulaires ?

 

Si l’on peut se « réjouir » d’un retour à une formation initiale, certes imparfaite pour les raisons exposées plus haut, mais réelle, le devenir des futurs nouveaux titulaires inquiète. En effet, il ne faudrait pas que, sous couvert d’une formation revenue, les T1 deviennent les PES de cette année, jetés et abandonnés dans les classes. La réforme de la formation des enseignants ne pourrait être une réussite sans un accompagnement accru des professeurs dans leurs deux premières années d’enseignement. Plus généralement, il est attendu du gouvernement que soient enfin débloqués des fonds pour une formation continue de qualité et non pas, ce qui est proposé chaque année.

 

Il faut par conséquent lutter contre les politiques de rigueur budgétaire qui influent sur les salaires, les conditions de travail et sur la réussite des élèves en proposant une formation mêlant théorie et pratique, accessible aux populations les moins aisées et étalée tout au long de la carrière des professeurs des écoles.

Publié dans Education-Santé

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