Enseignant en milieu rural ou l'absence de considération

Publié le par Frédo45

L’enseignant en milieu rural, scientifiquement appelé Institus Ruralus, est un individu bien singulier. Evoluant parfois seul dans son école, parfois par groupe de 2, 3 ou 4, il se caractérise par une volonté farouche de bien exercer son travail malgré le manque de considération dont il est victime.

L’enseignant en milieu rural peut être directeur, auquel cas, il bénéficiera de façon très ponctuelle de quelques journées de décharge, pas toujours bien positionnées dans le calendrier, comme si le fait qu’il officie en campagne, allège considérablement les tâches administratives.

Là où d’autres enseignants peuvent, certaines années, faire face à un niveau simple, l’enseignant en milieu rural ne connaît que les niveaux multiples, doubles dans la grande majorité mais parfois aussi triples (notamment en maternelle), plus rarement au-delà dans le département du Loiret. Ainsi, quand un enseignant stagiaire est affecté en milieu rural, on entend souvent l’administration lui expliquer qu’il n’a pas à se plaindre, ses élèves sont « mignons », le fait qu’il soit en double-niveau à 25 ou 30 élèves et qu’il n’ait pas ou peu été formé à l’enseignement en niveau multiple passant, de la sorte, au 2nd plan.

Les séances d’EPS en gymnase, l’enseignant en milieu rural y a peu accès, à moins d’y aller en bus, ce qui a un coût non négligeable. Et encore faut-il que la municipalité dont il dépend, accepte de financer les déplacements en bus. Auquel cas, ses élèves qui sont déjà plus ou moins coupés des activités culturelles et sportives, le seront davantage. En effet, là, où occasionnellement, les classes citadines peuvent parfois se rendre à pied pour aller à la piscine, à un spectacle, à une rencontre sportive, les écoles rurales doivent commander un bus et empiéter sur un budget parfois mince.

L’enseignant en milieu rural et ses élèves sont peu aidés. En effet, même si certains élèves ont besoin d’une prise en charge, ils sont rarement prioritaires lorsqu’il s’agit de déployer les enseignants du RASED. Est-ce parce que l’administration considère qu’il y a moins d’élèves en difficultés dans les classes rurales ? C’est peut-être en partie vraie. Mais cela ne change rien au fait qu’un élève en difficulté reste un élève en difficulté, peu importe où ses parents ont choisi de vivre. Peut-être est-ce aussi parce qu’il manque d’enseignants RASED… Mais c’est un sujet que nous aborderons dans d’autres articles…

Enfin, l’enseignant en milieu rural est déconsidéré. Il n’a droit à aucune prime. Lorsque viennent les opérations d’avancement, il ne bénéficie d’aucune majoration. Comme si le ministère considérait qu’enseigner en milieu rural était facile, que c’était la « bonne planque ». Pourtant, les postes en milieu rural sont peu demandés. Il n’y a qu’à observer les opérations de mutations intra-départementales pour se rendre compte que ces zones accueillent les enseignants les plus jeunes, au barème le plus faible, à titre provisoire, lors de la dernière phase du mouvement. Car au-delà de la classe, se pose la question des trajets, souvent longs et coûteux, que répètent inlassablement durant l’année scolaire et durant plusieurs années même, les enseignants vivant dans une métropole et qui exercent dans des zones moins densément peuplées et qui permettent le maintien du service public d’instruction partout sur le territoire. Des territoires où l’école est souvent le dernier service public encore en vie.

Et cela, ça ne mérite pas un peu plus de considération ?

Article publié dans Fenêtres sur cours 45.

Publié dans Education-Santé, Ruralité

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